Dans le monde de la parentalité, l’éducation bienveillante, ou éducation positive, séduit autant qu’elle horripile. Mais en quoi consiste-t-elle véritablement ? Est-ce vraiment une méthode éducative laxiste visant à faire des enfants des petits tyrans à qui tout est permis ? Peut-on vraiment poser des limites sans hausser le ton ou punir ? L’éducation positive est-elle un danger ou une chance pour nos enfants de se construire sereinement et de devenir des enfants confiants ?
Éducation positive : qu’est-ce que ça n’est pas ?
Quoi qu’en disent les non-initiés et les fervents défenseurs des méthodes traditionnelles pour éduquer les enfants, l’éducation positive n’est pas un choix laxiste. Ce n’est pas non plus l’histoire de parents parfaits qui s’adressent toujours à leurs enfants avec une fois feutrée et de manière bienveillante. Ce n’est pas un enfant roi qui fait tout ce qu’il veut pendant que ses parents font du macramé et des fromages au lait de chèvre bio en feuilletant des livres sur l’éducation bienveillante et en fustigeant tout ce qu’ils prennent pour de la violence éducative ordinaire.
Éducation bienveillante, les principes
L’éducation positive, ou éducation non violente est une méthode d’éducation alternative. Il n’existe pas de Bible ou de commandements, mais quelques principes fondamentaux. Poser des limites, dire non à la violence éducative ordinaire, ou encore considérer l’enfant comme un être humain.
Poser des limites à l’enfant comme à un être humain
Pendant longtemps, le corps médical estimait que les bébés ne ressentaient pas de douleur. Les interventions se faisaient donc sans anesthésie générale ! Incroyable, non ?
Pourtant, un enfant est un être humain. Miniature, mais un être humain qui a le droit à toute notre considération. Bien sûr, l’éducation positive ne consiste pas à laisser un gosse de 6 ans prendre des décisions pour lesquelles il n’a pas la maturité. Mais choisir de porter la jupe rouge ou le pantalon noir est à leur portée. L’éducation bienveillante s’attelle à respecter l’individualité des enfants, à ne pas les considérer comme des soldats inférieurs devant simplement obéir et se taire.
Cette façon d’éduquer ne cherche pas à créer des enfants soumis, mais met en avant le respect de leur parole et de leurs idées. Il est possible de poser des limites et d’être des parents autoritaires sans écraser sa progéniture. C’est la magie de la communication non violente !
Caprices et éducation bienveillante
Quand les jeunes enfants expriment un mécontentement ou une frustration, le mot caprice est sur toutes les lèvres. Les pleurs sont alors vus comme une méthode de manipulation ayant pour but d’obtenir quelque chose de leurs parents. Pourtant, quand on commence à s’intéresser à l’éducation positive, on découvre que le cerveau des petits n’est pas apte à la manipulation ! Soyons honnêtes : ils ne savent pas faire leurs lacets ou manger sans en mettre partout et ils seraient de fins stratèges ?
Imaginez que vous rentriez du boulot, à bout de fatigue, la journée a été rude, tout est allé de travers. À la moindre contrariété, vous crierez sur votre conjoint, sur vos enfants, ou sur le voisin qui ne vous a pas attendue à l’ascenseur. Ça vous semble normal, après tout, vous avez eu une mauvaise journée.
Pourtant, quand c’est un enfant qui craque, on parle de caprices et de manipulation et on refuse de le considérer avec bienveillance. Il faut alors poser des limites à ses propres réflexes pour accueillir et verbaliser les émotions. Il n’en faut généralement pas davantage pour calmer la crise. Pour beaucoup, l’éducation positive est un danger qui va créer des monstres tyranniques et gâtés. En réalité, c’est simplement être à l’écoute des émotions d’un petit être humain, chez qui elles peuvent être désarmantes.
Non à la violence éducative ordinaire
Avez-vous déjà remarqué à quel point les gens qui critiquent l’éducation positive semblent penser que le seul devoir des parents est de garder ses enfants en vie ?
Depuis le 10 juillet 2019, les violences éducatives ordinaires à l’encontre des enfants sont légalement sanctionnées. Ce qui a provoqué un tollé chez toutes les personnes pour qui les fessées ne sont pas des actes de violence. « Une fessée n’a jamais tué personne », « J’ai reçu des fessées quand j’étais gosse, et je n’en suis pas mort ! »
Comment justifier le fait que frapper son conjoint soit répréhensible, que brutaliser les animaux le soit également, mais que dans la conscience collective, gifler ou fesser un enfant ait des vertus éducatives ? Que l’on considère le fait de lever la main sur un enfant comme une façon de poser des limites ?
La violence éducative ordinaire regroupe tout ce qui semble anodin, qui est ancré dans la société jusqu’à être admis alors que ça ne devrait pas l’être. Pas besoin de minois tuméfié ou de dents cassés pour qu’il y ait violences !
Outre les « châtiments corporels », l’éducation bienveillante bannit les violences psychologiques, les humiliations et les moqueries. Ce sont en effet des façons de rabaisser, qui nuisent au développement de l’enfant.
Poser des limites sans punition
Ce qui choque généralement le plus dans l’éducation positive, c’est le fait de ne pas avoir recours aux punitions. Envoyer un enfant au coin après une bêtise est en effet considéré comme une forme de violence éducative ordinaire. Humiliante, la punition impacte le développement de l’enfant, sa construction émotionnelle et sa confiance en soi. Lorsqu’un adulte de votre entourage commet une erreur, vous adoptez généralement une approche bienveillante ou cherchez une solution pour réparer. Quand il s’agit d’un enfant, il est puni.