Comment apprendre à dire non

À l’inverse du cancre de Prévert qui « dit non avec la tête [et] oui avec le cœur », de nombreuses personnes ont du mal avec le fait de poser ses limites. La peur du regard des autres empêche de s’affirmer et d’apprendre à dire non. Dans la sphère amicale, professionnelle ou familiale, les sollicitations sont nombreuses et variées, et nous avons souvent la fâcheuse habitude de dire oui à tout alors qu’on rêverait de savoir dire non sans culpabiliser. Ça s’apprend, et on vous dit tout. 

Apprendre à dire non : pourquoi c’est important ? 

apprendre à dire non

Les sollicitations sont nombreuses au quotidien. Qu’on parle des enfants qui veulent aller à droite et à gauche ou du partenaire de vie qui veut qu’on passe l’été dans sa famille. Du collègue qui a besoin d’aide sur un dossier, ou du boss qui nous demande de faire des heures sup. De l’école qui a besoin d’aide pour accompagner une sortie piscine ou de l’amie qui veut venir papoter autour d’un café. 

Dire oui à ces sollicitations, c’est y consacrer nos propres ressources et notre temps. Sauf que parfois, on n’a pas envie. Indépendamment de l’attachement que l’on porte aux personnes, on préfère garder pour nous ce temps et ces ressources. Il faut alors poser ses limites. 

Apprendre à dire non permet alors de retrouver sa liberté, d’oser s’affirmer. Dire oui aux autres, c’est se dire non à soi-même. Or, notre temps est aussi précieux que celui des autres. Pas besoin d’un cas de force majeur pour refuser de rendre service ou de se rendre disponible, décliner une invitation ou se préserver. 

Dire oui quand c’est ce dont on a envie est ici un non-sujet. Le problème se pose quand on dit oui alors qu’on voudrait dire non. On ressent alors des sentiments négatifs envers nous-mêmes et envers les autres. Frustration, colère, manque d’alignement : ce n’est pourtant pas une fatalité. 

Les journées sont trop courtes, on ne peut pas tout faire, aussi serviables que l’on soit, on ne peut pas dire oui à tout le monde sans s’oublier au passage. 

Savoir dire non sans culpabiliser : qu’est-ce qui nous en empêche ? 

savoir dire non

Ce qui nous empêche réellement de dire non, ça n’est pas le manque d’envie, mais la peur de déplaire. Et inconsciemment pour certaines personnes, la peur de perdre les autres si on les déçoit. Dire non ferait de nous quelqu’un d’égoïste. 

En réalité, ce n’est pas le fait de dire non qui nous pose souci, mais tout ce qui va en découler. Qu’est-ce que les autres vont penser de nous ? Que nous ne sommes pas serviables, que nous ne sommes pas de bonnes personnes. Entre crainte et anxiété, ce sont les émotions négatives que nous craignons de ressentir qui guident nos réponses. Savoir dire non sans culpabiliser, ça passe par l’introspection. Mieux se comprendre permet de connaître et de poser ses limites.  

Il se trouve que notre cerveau est câblé pour rechercher la validation du groupe afin de préserver l’intégration. Ça remonte au temps des hommes préhistoriques où être isolée du groupe était un risque majeur pour notre survie. Bien sûr, tout le monde n’a pas le cerveau reptilien en ébullition, mais nous sommes nombreux et nombreuses à avoir besoin de se sentir apprécié. 

Et sans surprise, les femmes sont depuis toujours conditionnées pour être arrangeantes et se rendre disponibles. Bien plus que les hommes, qui n’ont majoritairement pas besoin d’apprendre à dire non sans avoir peur du regard des autres

Être serviable est certes une qualité, mais dire oui doit répondre à une envie sincère et pas à la crainte de la réaction d’autrui. 

Dire non quand on pense non : ça s’apprend ! 

apprendre à savoir dire non

Pour apprendre à dire non, il faut avant tout se recentrer sur soi et analyser son mode de fonctionnement. Questionner ses pensées et ses émotions, les moteurs de nos décisions. 

En premier lieu, il faut se recentrer sur ses priorités. Dire oui à quelque chose, c’est dire non à autre chose et il est important d’identifier à quoi et quelles sont les émotions générées. 

Accepter des heures supplémentaires, c’est faire une croix sur son cours de yoga. Arbitrer les sollicitations, ça permet d’apprendre à dire non en connaissance de cause. À quoi va-t-on devoir renoncer ? Il est important de poser ses limites pour son propre bien-être

Il faut ensuite rendre aux autres la responsabilité de leurs émotions. Dire non, c’est certes décevoir leurs attentes. Mais en réalité, ce n’est pas nous qui générons la déception, mais ce que la personne choisit de penser suite à notre refus. 

Apprendre à dire non, c’est faire le choix d’être honnête et intègre. Dire oui quand on pense non, c’est une forme de mensonge. Et de fait, la reconnaissance de la personne ne nous est pas réellement destinée puisqu’on ne pensait pas ce qu’on a dit. Savoir dire non sans culpabiliser quand on pense non, et oui quand on le pense vraiment, c’est être entier avec soi-même autant qu’avec les autres. 

En pratique, il est intéressant d’observer les réactions et les pensées dans les situations où l’on dit oui et celles où l’on dit non. Ça permet d’apprendre à dire non sur de petites choses, à la manière d’un entraînement pour se familiariser avec la démarche. 

Enfin, il existe tout un champ des possibles entre le oui et le non. Je ne peux pas te prendre ce dossier client, on peut se voir une heure pour en parler. Non, chéri, on n’ira pas passer le mois d’août chez ta mère, mais on peut y aller un week-end, etc. Je ne peux pas t’accompagner faire les boutiques cet après-midi, mais on peut se faire une visio ce soir et tu me fais un haul ? Ce genre de compromis est idéal pour apprendre à dire non sans brutalité. 

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